Exténuée, usée, fourbue, ne reste plus qu'à se plonger dans "Man with a Movie Camera", et se dire que le monde est beau, grand, passionant, et reste à découvrir.
(Et avec la musique de Cinematic Orchestra, c'est encore mieux)
J'aime bien marcher à Paris, la nuit, sous la pluie. J'aime que la ville m'enveloppe, quand je parcours à pas déterminés ses rues si familières, Bréguet-Sabin, Saint Ambroise, Sedaine. Elles m’ont manqué. Elles sont pleines de souvenirs.
Pourtant il y a longtemps, j'avais peur de Paris, la nuit. Et je détestais ce coin, de la rue de la Roquette et de la rue Richard Lenoir, ou il fallait se séparer. Parfois, je lui demandais: « tu viens ?… allez, viens… ». Parfois, elle venait. Elle mettait ce disque de Fado qu’elle aimait bien. Et moi, je savais que j’avais gagné un peu de répit.
"-Tiens, dit Lucie, mettant son nez affilé au plein air, ça, c'est l'Automne."
Voilà Novembre et sa lumière blafarde qui chaque jour laisse la nuit gagner un peu plus d'espace, son vent hostile et son Spleen automnal qui enveloppe le coeur des habitants de la ville jusqu' à leur oter l'envie de... l'envie de... l'envie.
Tiens, c'est l'anniv de Bitchy Butch, mince, se dit Lucie, il va falloir que je m'achète une nouvelle cravate pour mettre avec cette petite robe éphémère de chez Dior...
Une question essentielle demeure néanmoins: avec ou sans moustache?
C'est pas pour dire mais Lucie trouve que Goddamn Electric Bill c'est vach'tement bien, en plus ça fait super "mois de Novembre" comme musique, à écouter dans un bain mousse ou alors le matin pour se défriper les oreilles alourdies de sommeil.
Il y a des MP3 gratuits à télécharger là et aussi sur leur myspace de la mort qui tue de Rupert Murdoch.
Smiley aime bien, quand Lucie lui a demandé, "Smiley, mon beau Smiley, est ce que Goddamn Electric Bill tue sa mère avec délicatesse et nostalgie? " il a répondu: "Yes, absolutely".
Lucie a un nouveau copain qui lui fait tout le temps des sourires. En plus il répond à toutes les questions existentielles qu'on se pose. Facile!
Par example:
Lucie: - "Smiley, mon beau Smiley, suis je la plus belle en ce royaume? Smiley: - Absolutely. Lucie:- Smiley, mon beau Smiley, Dieu existe il? Smiley:- Yes Lucie- Putain, les boules! Et, heu, du coup, Dieu me pardonnera-t-il mes péchés? Smiley: Very likely Lucie -Dieu est il pédé? Smiley -The stars say no. Lucie: -Rooohooo, nuuuuul. Et Dieu est il Smiley? Smiley: So it shall be. Lucie: Incroyable, Dieu est Smiley!! Et dis moi, Ô mon Smiley, ma divinité made in China, is thirty the new twenty? Smiley:- Focus and ask again Lucie: Is THIRTY the NEW TWENTY? Smiley: Cannot foretell now Lucie: - C'est trouble... Et qui est le plus fort entre Karl Popper et Wittgenstein? Smiley:- No doubt about it Lucie: Ha ha! C'est bien que je pensais."
Vous aussi, posez votre question à Lucie qui s'ennuie, et Smiley vous répondra ici même par son intermédiaire. Smiley sait tout. Smiley est chinois. Smiley est bon. Smiley est gentil. Smiley est Pop. Dieu est Smiley. Smiley est parmi nous!
Je souffle sur ces foutues bougies. Ca fait un peu peur.
Je repense à quand j'avais vingt ans. Je me trouve plus mince, plus décidée, plus sereine, plus confiante, plus belle même.
Je vis dans mon temps. Je suis toujours engagée. Je suis toujours curieuse. Je veux devenir une meilleure personne. Je suis moins sage. Je suis plus sage. Je sais ce que je veux. Je ne sais pas ce que je veux. Je veux. Je ne veux pas. Je désire. Je m'isole du désir avec plaisir. J'ai plein d'amis. J'aime bien être seule. J'aime bien m'occuper de quelqu'un. J'aime bien quand on s'occupe de moi. Je voyage. Je reste à Bruxelles. Je suis cynique. Je ne suis pas blasée. J'ai peur d'avoir mal. Je n'ai plus peur d'avoir mal. J'ai quelques regrets. Je regrette quelqu'un. J'essayerais de ne pas rater la prochaine fois.
Je crois que je suis mieux. Je crois que tout va bien.
Voilà que Lucie trouve sur l'excellent blog de François Sagan une critique de Baudelaire sur "Madame Bovary". "Madame Bovary, c'est moi", qu'il disait, Flaubert. D'ici à dire que Madame Bovary est un homme, il n'y avait qu'un pas, que Baudelaire franchit allègrement. Il décrit même les caractéristiques de l'héroïne en ces termes: "Quant au personnage intime, profond, de la fable, incontestablement c'est la femme adultère ; elle seule, la victime déshonorée, possède toutes les grâces du héros. - Je disais tout à l'heure qu'elle était presque mâle, et que l'auteur l'avait ornée (inconsciencieusement peut-être) de toutes les qualités viriles. Qu'on examine attentivement : 1° L'imagination, faculté suprême et tyrannique, substituée au coeur, ou à ce qu'on appelle le coeur, d'où le raisonnement est d'ordinaire exclu, et qui domine généralement dans la femme comme dans l'animal ; 2° Énergie soudaine d'action, rapidité de décision, fusion mystique du raisonnement et de la passion, qui caractérise les hommes créés pour agir ; 3° Goût immodéré de la séduction, de la domination et même de tous les moyens vulgaires de séduction, descendant jusqu'au charlatanisme du costume, des parfums et de la pommade, - le tout se résumant en deux mots : dandysme, amour exclusif de la domination. 4° Même dans son éducation de couvent, je trouve la preuve du tempérament équivoque de madame Bovary. Les bonnes soeurs ont remarqué dans cette jeune fille une aptitude étonnante à la vie, à profiter de la vie, à en conjecturer les jouissances ; - voilà l'homme d'action ! "
Voilà qui fait réfléchir Lucie, et qui interessera peut être le lecteur de ce blog qui a un jour composé jointement une dissertation sur le sujet "Madame Bovary est elle une héroïne romantique? ". Les femmes peuvent elles donc, dans certains romans seulement, faire preuve de décision, de joie de vivre, de réflexion et même de dandysme?
Bigre, se dit Lucie, en se demandant ce qu'en aurait pensé un pharmacien de province.