Des genres chez Murakami |
Ah, quel ennui, dit Lucie.
Non, mais quel ennui!
Je m'emmerde comme un rat mort, comme un hérisson tout seul au fond d'une caisse en carton, comme une jeune fille insomniaque dans son lit sans personne vers trois heures du matin.
Même pas un ennui sain du mercredi apres midi, quand on a dix ans et qu'on a fini tous ses devoirs. Pas non plus un ennui solitaire, au bout du monde, posée sur une plage à regarder le Pacifique dans une ville ou je ne connais personne. Non. Pas un ennui choisi d'un dimanche après midi ataraxique ou l'on savoure le droit de ne rien faire en écoutant Janis Joplin.
Un ennui forcé, fainéant, lent, moite, insipide, laborieux, même. Un ennui fatigué d'attendre qu'il se passe quelque chose de bien, de vraiment bien. Teinté d'une pointe d'angoisse aussi car ca n'est pas que les choses à faire manquent, non. C'est que je voudrais être ailleurs.Exactement, là maintenant, tout juste, je voudrais être dans un bain chaud, ou au creux de mon lit avec dans les mains ce Murakami qui m'intrigue et qui traite d'un vieil homme qui parle aux chats, d'un jeune garcon amoureux, d'un transexuel assidu et de Johnny Walker.
Alors, je reporte, je rêvasse, des petits rêves sans envergure, je vais chercher un café, je regarde pour la millieme fois ma boite à messages, vide, je guette un signe d'amitié, un appel téléphonique, je culpabilise, je procrastine, bref, n'importe quoi pour me sortir de ces quatres longues heures encore à tirer, et de la perspective de toutes celles à venir entre ces trois murs gris et cette fenêtre avec vue sur cour intérieure.
Je suis fatiguée. Je ne suis jamais contente. |
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encore un peu et je pourrais même tomber amoureuse |
Chere Lucie,
Il s'est passé des choses, je te raconterais. Désolée de t'avoir un peu délaissée entre Madrid et Paris. Je perds parfois de vue que ceci est ton blog. Parce que tu t'ennuies.
Je t'avoues aussi que d'ou je suis je t'envies un peu tout ce temps élastique et vide que tu utilises à laisser courir tes pensées les plus folles et à entretenir avec soin ton esprit effilé et ton corps diaphane. Moi, j'ai oublié la règle d'or, celle de m'en garder un peu de coté pour les jours faciles et les filles difficiles.
Heureusement, tout va bien, même au delà de mes espérances. Je suis un peu nostalgique, mais contente au point de radier tout naturellement d'un sourire neuf et plein d'espoir, presque confiant.
D'ici, je t'envoie un ilôt de calme avant de repartir vers l'agitation frénétique et sans but réel qui m'occupe et remplit ma vie d'un factice mais agréable sens.
Ton amie. |
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No seas anticlimax! |
Phrases entendues récemment dans la ville de M.
à 15h- M : No he dormido desde ayer, no se si dormir o matarlo con C.... Vamos a comprar mas C...? AdL: Mhh, no, gracias, quiero terminar este libro sobre Fassbinder.
à 16h: M: Estoy mala... muy mala. No. Si. Estoy mala, pero mala! C: Si, es que somos muy malos!
C: à 17h M: Te he dicho que soy mala?
à 18h: AdL: Borracha, si, pero borracha, borracha, borracha no!
à 22h: I: Te parece que puedo cambiar un bocadillo de calamares con un porro? AdL: pues, no se... I, deux minutes plus tard: Pues, si. Functiona! |
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La vie c’est comme une frite bien faite : chaleur, douceur, croquant |
Au fond du lit, l'Ipod de Lucie a tout le temps de lui recracher des choses oubliées.
Là, sous la couette, défilent, pour ses oreilles seulement, Brisa Roché, Electralane, The Spinto Band, Tokyo Overtones, Daniel Hélin and The Velvet Sisters, Tom Yorke, Sonny Rollins, un vieux Gainsbarre, Os Mutantes, Psapp, Mum, Bobby Lapointe, etc, etc, etc.
Mmmhh, qu’on est bien, là, au fond de son lit, un lundi matin. Pas vous? |
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